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25 octobre 2010

Kaboom - Gregg Araki

Kaboom

Tu sais ces films qui ne ressemblent à rien, qui t'ont l'air tout aussi détestables qu'intriguants, les films qui laissent les gens perplexes, et auxquels il ne reste plus que le temps pour décider s'il s'était bien agi de merdes sans intérêt ou de chefs-d'oeuvres incompris, eh bah Kaboom n'en fait même pas partie.
Rien que se poser la question ferait trop mal, après ça tu as juste besoin de prendre une bonne douche. Tu te récures comme tu peux, furieuse, mais il te reste toujours un arrière-goût désagréable sur le palais; alors ce soir je viens cracher ici pour la finition.
Par où commencer ? Le viol de nos petits yeux par le bariolage d'une image saturée dégueulasse, un montage débile, un prétendu chaos même pas intéressant, même pas scandaleux ? Le parti pris de brasser tous les genres possibles, film d'action, film noir, film d'horreur, fantastique, porno, teen soap, poésie hallucinatoire, dans le simple but de faire en sorte qu'il soit tout simplement impossible d'expliquer de quoi ce putain de film parle ? Je défie quiconque de résumer l'intrigue sans avoir l'air con. Et ça manque pas les nanars qui se foutent de nos gueules, seulement celui-ci n'affirme pas son "dixième degré" si clairement que ça.
Les gens n'en ont pas marre de se faire balader, c'est pas le problème. Les bons gros blockbusters qui font mouiller la culotte, les mélodrames vraiment trop profonds qui font pleurer maman, l'humour bête et méchant, c'est pas ça qu'il faut bannir, surtout pas, j'ai besoin de me faire péter le bide au popcorn devant The Town de temps en temps. Si les codes à Hollywood perdurent, c'est parce qu'ils sont maîtrisés par des gens qui savent raconter une histoire. Balader des gens, ça demande autant de boulot que de les faire réfléchir. Alors quand Araki fait partir son intrigue en couille, en crescendo, content de lui avec son esthétique de film pour défoncés et cette distance insupportable par rapport à toute cohérence, toi t'as juste l'impression de te laisser arroser d'essence tout du long pour qu'il t'immole à la fin.
Quel genre de résolution pourrait-on daigner servir à la fin de ce truc ? L'histoire d'un mec bi qui fantasme sur son colloc mais se tape une british délurée, s'avérant être sa demi-soeur ? Homosexuality ftw ? L'histoire d'un croisement entre jared leto et keanu reeves qui hallucine le sens de sa vie qui n'en a en fait aucun ? Baisons comme si chaque jour était le dernier, de toute façon ma meilleure pote lesbienne n'attire que les sorcières psychopates, des mecs avec des masques d'animaux ont enlevé une meuf que j'ai vue en rêve et dont personne n'a rien à branler, le meilleur coup de ma vie est marié et ce soir, mon père gourou de secte fait tout péter ? Rien n'émerge de cette vase ambiante, tout avorte sans jamais avoir vraiment promis quelque chose, c'est comme un film lambda aspirant à n'importe quel  débordement polémique possible mais qui s'inflige inlassablement, délibérément de bons gros fails - pour le fun, parce que c'est pour et sur la jeunessuugghhh. C'est du comique qui quelque part se prend au sérieux, du fantastique qui ne s'attaque à aucune réalité digne de ce nom, du poétique qui s'interdit tout moment de grâce; c'est une blague... même pas drôle.
Et le pire, c'est que dans ce portrait décalé de la vie au campus, tu sens cet amour inconditionnel d'Araki pour les trajectoires paumées, le vide qui mange les âmes et tralala, "au fond on est tous tarés", on n'aime personne, personne nous aime... Ce film est une ode aux Lois de L'Attraction  sur lesquelles l'auteur a jugé funky de greffer les pires réflexes de séries télés : et si on servait du Bret Easton Ellis en citant Veronica Mars ? C'est bien le seul choc que ce truc peut provoquer, rien d'autre. 
Les mélanges douteux produisent un résultat heureux toutes les décennies, pas plus. C'est pas sa sélection à Cannes qui le certifie pour Kaboom. Qu'on ne vienne pas me dire que les choses que j'exige n'ont rien à voir avec la note d'intention de Gregg Araki, que la cohérence n'est pas nécessaire (bullshit), que la rupture qu'il crée signifie quelque chose en elle-même, que sa citation du Chien Andalou de Buñuel l'affirme clairement. Je veux bien prendre sur moi et "regarder différemment", mais donne-moi quelque chose à regarder. Ces mélanges laborieux qui s'éjaculent en pirouettes, pour moi, ça n'a rien d'une révolution (mettre une tarte à la crème dans la gueule de quelqu'un, n'importe qui peut le faire) ce n'est que l'incapacité de choisir, pourquoi pas de la paresse. Et si en plus s'ajoute la prétention de rendre son film "explosif" par le seul moyen d'une branlette au sens propre, je crois qu'on a jamais aussi bien demandé à une audience ce qu'elle foutait là.

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