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27 février 2011

The to do list

 
Tout s'arrête et tu rentres chez toi (à pieds toujours, optimise la nuit à venir au maximum) tu te fais un thé, tu te fais couler un bain, tu regardes quelques conneries sur le web. Tu commences ta routine du soir comme si tu n'étais pas crevé, tu lances un film et les pâtes, et tu constates avec (agréable) surprise que tu n'iras ni au bout du film, ni au bout des pâtes. Tu finis quand même un bouquin au lit - histoire d'être vraiment usée à la moelle - il te reste que vingt pages ça ira, et en plus ça parle des trucs éreintants qui figurent le plus sur les listes de "choses à faire avant de mourir" et que l'auteur poilant, râleur, casanier et de mauvaise foi démonte les unes après les autres (remonter le fleuve de l'Amazone, faire du cheval sur la plage, regarder Chantons sous la pluie, se baigner à poil...) : tu es vraiment dans l'ambiance, ce livre est pour toi, (C'est nul, 101 incontournables à éviter absolument  de Richard Wilson). Il est minuit pile (true story) et tu éteins la lumière sans hésitation, sans remords sans aucun sentiment tordu et stupide, tu éteins la lumière parce que tu as mal aux yeux, et tendre le bras te fait encore mal. Tu remets bien tes oreillers, tu poses ta tête.
BLACK OUT, instantané.
Je suis conquise, mais si c'est ce qu'il faut faire pour dormir comme un bébé, tous les soirs, fuck me. Découcher constamment, marcher non stop, monter des pentes, les redescendre puis les remonter, m'impliquer à fond dans une tâche pendant cinq heures, rien glander les quatre suivantes, m'y remettre en fin de soirée, aller en cours le lendemain à huit heures, rentrer chez moi, repartir sur un coup de tête, bref passer du coq à l'âne sur trois jours minimum (la méthode s'appliquera sûrement sur plus pour les vrais insomniaques), il est clair que ça va pas être possible à long-terme. C'est pour ça que je kiffe C'est nul, parce que c'est une compilation moqueuse de tous ces trucs dont les gens ambitionnent de bourrer leur vie pour se sentir exister et surtout se sentir tomber le soir. Ils cochent une case dans leur liste, satisfaits, et recommenceront le lendemain. Il y a une obsession de pas se poser tant qu'on a pas tout fait, tout vu, tout lu, parce que la vie est courte ou je sais pas quoi. Et les méthodes "slow", se bichonner au chaud, ralentir un peu etc. n'y changent rien, c'est rien qu'une approche prétentieuse pour montrer qu'on a en a déjà tellement fait qu'on peut se le permettre. J'aurai beau parlé avec des gens dont le score nique le mien, je rentrerai jamais dans le jeu, je suis pas assez endurante. Je suis peut-être déjà vieille avant l'heure, je suis surtout actuellement trop loin du noyau où "ça se passe", je suis surtout trop pauvre, et je suis comme des milliers d'autres, c'est-à-dire pas au point dans la hiérarchisation des priorités, sauf qu'eux s'en foutent et foncent dans le tas les yeux fermés, quitte à faire le ménage laborieux plus tard (ou jamais). Ils ont pourtant raison à la base, la vie est courte; alors ne la remplissons pas de n'importe quoi.    

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