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27 mars 2011

World Invasion : Battle Los Angeles - Jonathan Liebesman

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On s'emmerde. Sans exagérer, sans méchanceté gratuite, sans excuse pour ne rien avoir à en dire : on s'emmerde. On voit tout venir : qui va mourir, quand, l'alien qui se cache derrière le chien, même l'explosion de l'hélicoptère aussi cruelle soit-elle (la dure élimination des faibles, c'est-à-dire des blessés et puceaux) parce que la bande-annonce l'avait montrée. C'est à se demander si le propos narratif n'est pas justement de donner le plus d'avance possible au spectateur, vu l'ouverture sur l'invasion mondiale (le passage sur le Japon fait méchamment sourire) et sur le groupe de protagonistes se dirigeant en hélico vers le front, Los Angeles dévastée par les colonisateurs. Une espèce de tentative in medias res complètement inutile avant de revenir 24 h plus tôt, quand il fait encore beau et chaud sur la plage. Ca fait penser à ces émissions américaines à sensations comme Cops ou MTV Made qui donnent en quelques secondes un aperçu des moments les plus spectaculaires de l'épisode - pour convaincre le spectateur qu'il a raison de regarder - avant de revenir à une introduction plus conventionnelle et calme.
Faute de vraiment s'intéresser à l'aspect science-fiction - on ne regarde pas plus loin qu'août 2011, on est clairement plus tourné vers l'actualité que vers une interrogation sur les "vrais OVNI" qui ont été repérés dans le passé et ont soi-disant inspiré le film - Liebesman se met globalement en tête de glorifier les Marines. L'héroïsme dans toute sa splendeur, avec son lot de démons traditionnels : le sergent Nantz (Aaron Eckhart), responsable de la mort d'une poignée de ses hommes en Irak. Le lieutenant Martinez (je ne donnerai que les noms que je connais vu la daube), fraîchement diplômé de l'école des officiers, qui "assure" (tu sens le tandem de choc naître, le vieux incompris qui va former le jeune premier) mais n'a aucune idée de ce qu'il fait en temps de crise... Le reste des personnages est vaguement caractérisé par deux lignes de script au plus : black binoclard, black docteur, black qui a perdu son frère à cause du sergent maudit, puceau, caporal arrogant puis sympathique au faux air d'eminem, sergente trop forte (Michelle Rodriguez) bonne pote avec qui on ne copule pas.
La distribution dessert le propos. Tout ce que le film semble dire - comme la plupart des films de guerre sur l'armée US - c'est que l'union fait la force, qu'il faut savoir régler ses différends entre co-équipiers et avec soi-même si l'on veut défaire l'ennemi. Pro-fon-deur. A la limite, pourquoi pas, c'est moral, ce serait un pur film familial si y avait pas la séquence gore de l'autopsie forcée de l'alien. Mais l'union qu'on y prône, tout le monde s'en tape parce qu'il flotte comme une très mauvaise gestion du protagonisme collectif. Le cliché contamine sans scrupules les séquences dites clé : "Retreat ? Hell !", "We leave no man behind"... please, les Marines sont-ils chiants au point qu'on raconte toujours les mêmes choses sur eux ? On n'échappe à rien, les grandes tirades ("Allons leur botter le cul à ces aliens", "si un civil peut le faire, on peut le faire !"), les répliques faciles qui sont censées rendre la camaraderie cool ("tu le laisses faire ça au premier rendez-vous ?" dit le black binoclard à Michelle Rodriguez dont la figure est recouverte de l'alien qu'elle vient d'exploser), le rappel de ceux qui sont morts ou qui viennent de mourir ("Putain c'est pas juste, il avait trois gamins").
Bref on passe plus de temps à lever les yeux au ciel plutôt qu'à vraiment essayer de s'investir. C'est une promotion peu subtile de l'armée américaine qui se regarde entrain de faire plus qu'elle ne montre quelque chose. S'inscrivent donc dans cette logique quelques plans de cinéma lourds et larges dans les tournants de l'intrigue (cf. photo) qui ponctuent une esthétique de reportage, caméra à l'épaule and shit, semblants de modernité requis pour compenser l'extrême respect des codes (on ne touche pas aux enfants, on réhabilite le héros déchu, on lui file une vague ouverture avec la vétérinaire civile parce que Michelle Rodriguez peut pas représenter la féminité à elle seule).
Il semble que la représentation floue des aliens affecte malgré elle celle des humains, si bien qu'il ne reste plus que les effets spéciaux pour nous maintenir éveillés. Devant tant d'impersonnalité, pas d'intérêt sans popcorn ou sans un pote avec qui mater et médire.

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