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2 juin 2011

Very Bad Trip 2 - Todd Phillips

hangover-2

 

"Le réalisateur Todd Phillips avait récemment reconnu qu'il avait envisagé Very Bad Trip en tant que trilogie" (actuciné); autrement dit, Todd Phillips a reconnu vouloir faire trois fois le même film, puisque chaque opus lui rapporterait assez pour continuer à alimenter son guide touristique.
Je ne jette pas de cailloux à Todd Phillips, qui en homme tout intelligent qu'il est, applique les règles du milieu pour se faire de la thune : ça marche et c'est légal, on va pas lui reprocher de le faire, et puis quoi encore. Ce qui m'intrigue, c'est justement ceux à qui toutes ces Gueules de Bois sont destinées. Nous, le fan-club de Zach Galifianakis (Alan, le gros malade) ou de Bradley Cooper (Phil, la bombe). Si Todd Phillips est prêt à faire trois fois le même film, c'est parce que nous sommes prêts à le voir trois fois. Comment ça se fait ? Bonne question. Mais peu importe ça se fait, et ça éjecte le reproche de base "Hey les gens c'est le MEME film bordel", parce que ce n'est manifestement pas le problème.
Si on regarde l'ouverture, Phil appelle la meuf de Doug (nous sommes donc dans le copier-coller assumé du schéma, get over it) et lance la réplique qui tue : "It happened again". Plan plus large sur Phil, Stu et Alan : le trio amoché, désespéré et inchangé.  Premier phénomène à assurer dans un sequel : la connivence. Le réalisateur va réutiliser les mêmes ingrédients qu'en 2009, il va te le faire comprendre de façon explicite, et toi bon preneur (parce qu'en général, tu es quelqu'un de sympa) et complice, tu ne pourras pas ne pas sourire. Il y a des séquences qui fonctionneront de toute façon, la répétition est bien un effet comique, de surplus indispensable dans un deuxième volet. Une suite sans échos ni références est une suite orpheline, bancale.
Après, la véritable faiblesse de cette suite, ce sont justement les variations. Il faut tout de même trouver de nouveaux gags, et on ne peut pas se reposer sur la simple idée de la surenchère (oui parce que les déboires du trio sont un peu plus dégueulasses cette année, y a des doigts qui traînent, des balles perdues, des adultères "très exotiques"), mais les péripéties qui se greffent sur cet axe pré-fabriqué se heurtent à la loi inévitable de la comparaison.
Flashback : Very Bad Trip part d'une amnésie collective. Trois mecs se réveillent douloureusement au milieu d'un bordel pas possible qu'ils ne peuvent pas s'expliquer, et vont devoir mener l'enquête pour comprendre comment ils en sont arrivés là parce que l'enjeu est de taille, à savoir retrouver un pote qui a disparu. Au-delà de l'humour noir, des délices du scandale et de la démence de Zach Galifianakis, Very Bad Trip, c'est surtout cette trame fondée sur le motif du puzzle (cette famille qu'il forme avec Eh mec, elle est où ma caisse, comme quoi la machine était enclenchée bien avant qu'on parle de suite)
. Todd Phillips s'est concentré sur l'un, et pas assez sur l'autre. En naviguant dans VBT2, on voit bien que les indices complètement déjantés sont parsemés autour des héros fêtards comme on nous avait promis (un singe, un moine, l'absence de cheveux, la présence d'un tatouage...), mais la cheminée vers la résolution de l'énigme (qu'est-ce que ces trucs foutent là, où nous emmènent-ils, où est le petit frère de ma meuf thaïlandaise) est super laborieuse. Ce qui se perd du 1 au 2, c'est la cohérence entre résolution et gradation comique (trad : intérêt et hilarité du spectateur).
La bande avait kidnappé le tigre de Mike Tyson à Vegas (idée affolante rien que sur le papier), et se retrouve avec un moine en chaise roulante à Bangkok. Pourquoi pas, seulement, le moine n'a aucun potentiel comique (à part son mutisme, sa vulnérabilité et la spiritualité de son personnage à laquelle l'obscénité de la situation vient se confronter, mais bon c'est un peu facile, je crois qu'il existe à présent un nombre suffisant de réalisateurs à Hollywood assez audacieux pour représenter une danseuse du ventre entrain de chauffer un prêtre). Maintenant, d'un point de vue scénaristique, ni la provenance de ce moine, ni l'avancée qu'il représente dans l'enquête ne valent le détour. Et il faut pourtant suivre la piste, aller au monastère et s'y faire taper à coups de bâton, pour aboutir finalement au trip qui confirme que l'écriture est franchement bâclée : Alan se souvient grâce à la méditation...
Todd Phillips s'est laissé gagner par la paresse là où il ne trouvait pas d'équivalent satisfaisant aux premières trouvailles. J'ai envie de dire : suivre une recette à la lettre, c'est pas facile, et ce genre de copie conforme implique quand même de créer de nouvelles situations si l'on veut produire le même effet. Tu peux remplacer le bébé de Heather Graham par un singe si tu veux, mais alors il faut que ce singe mène à quelque chose d'aussi drôle et séduisant qu'Heather Graham. Il faut que le singe soit aussi contraignant qu'un bébé, et qu'il ne se contente pas d'amuser vaguement parce qu'il deale et qu'il fume. C'est comme ça qu'on se retrouve avec des courses poursuites vides et des méchants plats (même problème pour un méchant à succès dans le 1 qui revient en ami dans le 2, Mr Chow est génial, mais du coup, son déplacement crée un déséquilibre. Si on le met du bon côté de la Force, alors il faut mettre une pointure en face).
Bon c'est quand même un bon moment à passer, c'est quand même frais et culotté, c'est un casting qui mérite sa gloire et une exploitation toujours heureuse du meilleur de Kanye. Ca ne peut honnêtement faire de mal à personne. 

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