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17 août 2011

Melancholia - Lars Von Trier

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Comment dire... par qui on commence ? Est-ce que c'est vraiment Lars Von Trier qui est con comme ses pieds pour dire les conneries qu'il dit ou est-ce que c'est le jury de Cannes qui est assez faible pour oublier ses couilles entre les mains de l'opinion publique ? Parce qu'en sortant de Melancholia, la même pensée vient forcément à l'esprit de quiconque a vu la Palme d'Or 2011 (The Tree of Life, Terrence Malick) : "ne pas sanctionner l'oeuvre, mais les propos de l'homme", C'EST CA OUAIS.
Le scandale est d'autant plus glaçant que les deux réalisateurs, quelque part, s'essayaient au même exercice, celui de la liaison entre l'intimité d'un drame familial et l'immensité écrasante du monde dans lequel ce dernier se déroule. Malick, trop bavard et mystique qu'il est, s'en est remis à la religion, aux appels vains de ses personnages qui brisent le coeur deux secondes mais ne vont pas plus loin, cassés par la 'partie-cosmos' complètement hors-sujet et la figuration mièvre et ridicule de l'au-delà sur une plage. Lars Von Trier, pas moins pompier pour autant, a développé une intrigue. Voilà, c'est pas plus compliqué que ça, en fait, il suffit qu'il se passe quelque chose.
Donc très vite, le prologue surréaliste qui ouvre Melancholia, au lieu de se réduire au clip incompréhensible avec pour seul sujet l'art du slow motion, devient le choeur qui introduit une tragédie. La coexistence entre la dépression d'une femme et l'astronomie devient un récit de science-fiction. Et de ces événements, de la façon dont l'auteur s'approprie la fin du monde, émerge l'émotion qui donne son titre au film.
Dans la première partie du film qui lui est consacrée, Justine (Kirsten Dunst) fait comprendre à tous les convives présents à son mariage, ainsi qu'au marié et à sa soeur Claire qui a tout organisé (Charlotte Gainsbourg) que ce mariage était une erreur. Entre ses escapades répétées et la désapprobation de son impitoyable mère (Charlotte Rampling) qui s'avère avoir raison, le désastre de la réception s'éternise sous l'instabilité de la caméra portée. La grandeur du somptueux domaine où se situe l'action (prison dorée avec terrain de golf en option) ne fournit pas à Justine l'air qu'elle va chercher. C'est comme si l'unité de lieu avait raison d'elle à chaque fois qu'elle s'enfuit à l'extérieur, chaque fuite étant la réplique de la précédente, à quelques variations près (un coup elle pisse, un coup elle baise la nouvelle recrue de sa boîte). L'errance se borne toujours au même endroit comme pour le petit pont qu'il est étrangement impossible de traverser dans la deuxième partie consacrée à Claire, que ce soit à cheval ou en voiture de golf.
L'impossibilité d'aller plus loin prend tout son sens dans cette deuxième partie où Justine retourne au domaine (qui appartient à Claire et son mari) pour se remettre du fiasco du mariage, et où il est confirmé qu'une planète se rapproche dangereusement de la Terre. Loin des fictions apocalyptiques américaines, Melancholia se veut calme et résigné. Le malaise constant de Justine révèle une triste lucidité, l'angoisse de Claire se matérialise dans des phénomènes aussi doux que la neige qui tombe ou le bleu lunaire de la veillée familiale devant le passage de Melancholia (nom de la planète), cette ennemie envoûtante et inévitable qu'elle reconnaît trouver "amicale".   
Ouais en fait, Melancholia est peut-être tout le contraire de The Tree of Life (ce qui en faisait la Palme d'Or par définition) parce que la connexion réussit, la collision même. Et parce qu'au lieu d'y chercher la vie sans vraiment savoir où chercher, on s'y laisse trouver par la mort. Pessimiste à souhait, c'est vrai, mais Lars Von Trier filme ici la plus belle catastrophe que j'ai vue, couronnée par un final absolument poignant. Evidemment que le cauchemar d'un romantique dépressif recèle trois fois plus de grâce que le rêve interminable, truffé d'écrans noirs trompeurs, d'un optimiste fanatique.  

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