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25 septembre 2011

Adulteress wasp

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Je vais pas parler de Crazy Stupid Love parce qu'il n'y a pas énormément à en dire : distribution impeccable, une bonne surprise, fraîche et attachante malgré un plongeon assez décevant dans le vaudeville à la fin. Non je vais parler de Julianne Moore, cette actrice à qui l'Académie doit un oscar depuis plus de dix ans. Je ne la suis pas assidûment, même si sa présence dans un casting me décide plus rapidement à l'entrée d'un ciné, devant la fiche d'un site de streaming ou la pochette d'un DVD - je ne suis clairement pas entrain de télécharger Les vies privées de Pippa Lee pour Blake Lively - mais je commence à me faire une idée des rôles qui la branchent.
Julianne Moore est née dans les années 60. Dans les fictions modernes par lesquelles Hollywood prétend dépeindre un mode de vie (alors qu'il s'agit plutôt de le vendre à présent), l'actrice ne peut pas jouer la belle nymphe paumée qui n'arrive pas à trouver son Prince parce qu'elle a peur de s'engager, ou parce que les mecs ont peur de s'engager, ou parce que sa carrière prend toute la place ou que sais-je encore (cf. la sainte trinitié du bootie call de cette année que forment Natalie Portman, Mila Kunis et Anne Hathaway). Julianne Moore a passé l'âge ; dans ces fictions, elle est déjà mariée, possiblement mère de famille, véritable vitrine incarnée, jalousée et désirée. Elle joue l'épouse mise à l'épreuve, celle qui se pose des questions, celle qui s'est trompée.
Au vu de sa filmographie, le détail prend pas mal d'envergure. C'est un fait, elle incarne le plus souvent des femmes maquées et malheureuses, ou du moins désorientées. Est-ce qu'on finit par écrire ces rôles pour elle, je sais pas, c'est très possible. Sa beauté et son élégance répondent aux critères de la loi des apparences qui régit le rêve américain. L'intensité de son jeu, la façon dont elle se laisse gagner par ses passions (une bonne poignée de scènes cultes rien que dans Magnolia déjà...) permettent ensuite l'insurrection. Et la liste que je m'apprête à dérouler n'est pas exhaustive, wikipédia m'informe que nombre de films que je n'ai pas vus la représentent également en flagrant délit d'adultère. Le contexte historique et socio-culturel de l'intrigue, le réalisateur, le genre, le registre, si tous ces paramètres changent radicalement d'un film à l'autre, le rôle tenu par Julianne Moore reste le même.

Short_Cuts
Short Cuts
de Robert Altman (1993)
Distante, manifestement pas - ou plus - amoureuse de son mari, Marianne avoue à ce dernier son infidélité alors qu'ils attendent des invités, dans ce qui est à mon sens LA scène qui fait ce film choral de plus de deux heures. (Bonus : ah ouais, et cette scène reste dans les esprits parce qu'elle se promène les fesses à l'air dans la maison pendant la dispute).


magnolia

Magnolia de Paul Thomas Anderson (1999)
Future veuve a priori intéressée d'un riche vieillard agonisant, Linda se mord les doigts alors qu'elle semble approcher son but. Le remords la ronge et lui fait péter des câbles assez spectaculaires, comme dans la scène mythique de la pharmacie ("SUCK MY DICK, THAT'S WHAT'S WRONG !") ou le monologue plus explicite où elle demande à l'avocat de son mari de changer son testament pour ne pas recevoir d'héritage. 

hours

The Hours de Stephen Daldry (2002)
Ce film a fait comprendre que l'Oscar de la meilleure actrice reviendrait désormais à celle qui oserait s'enlaidir le plus possible (ont suivi Nicole Kidman, dans cette logique, Charlize Theron, Hilary Swank, Marion Cotillard). Pendant ce temps, Julianne Moore, toujours sublime, partageait l'affiche avec Kidman, dans le rôle d'une femme au foyer des années 50 au bord du suicide, qui se ravise mais quitte sa famille.

 

far from heaven

Loin du Paradis de Todd Haynes (2002)
Hommage aux mélodrames de Sirk, ce petit bijou raconte l'idylle entre Cathy et son jardinier noir, alors qu'elle est confrontée à l'homosexualité de son mari. Confirmation que les années 50 vont décidément bien à Julianne Moore, cette dernière est par ailleurs bouleversante dans le combat voué à l'échec qu'elle mène pour sauver son couple.

 

chloe

Chloé de Atom Egoyan (2009)
En manque cruel de confiance en elle, Catherine embauche une escort girl pour tenter son mari qu'elle soupçonne d'infidélité. Manipulation qui bien entendu dérape et donne lieu à une relation ambigüe entre Catherine et sa recrue. Ce film n'a pas fait autant de bruit que j'aurais pensé, sûrement parce que son sujet tordu et sa dimension fortement érotique n'en ont pas fait le candidat idéal pour une diffusion grand public aux US (dommage, parce qu'outre la performance de Moore, ce film prouvait qu'Amanda Seyfried vaut quelque chose).

 

the-kids-are-all-right-julianne-moore

The Kids are All right de Lisa Cholodenko (2010)
2010 : l'homosexualité devient l'affaire légitime. Julianne devient Jules, formant un foyer heureux et moderne avec sa compagne et les deux enfants qu'elles ont conçus grâce au sperme d'un même donneur. [Note : Jules n'a pas de profession, elle reste à la maison et monte un vague projet de jardinage. Donc en gros, elle tient la place traditionnelle de la femme dans le couple]. Le donneur de sperme revient dans leur vie, fout son bordel, révèle le passé hétéro de Jules. Ici, l'âge est assumé, les tabous sont proscrits (en d'autres termes, Julianne Moore peut aussi jouer la quadra lesbienne hippie). Tout est possible, y compris l'erreur, finalement pas irrémédiable.

 

Steve Carell and Julianne Moore Crazy Stupid Love

Crazy Stupid Love de Glenn Ficarra et John Requa (2011)
Trente ans de mariage, routine, paresse, adultère. La base.

Est-ce justement pour ça que Julianne Moore n'est pas encore sacrée reine du monde ? Parce qu'elle se colle au fil de sa carrière une étiquette sur le front ? Nan mais parce qu'au pire, je trouve au contraire géant qu'en se cantonnant à ce modèle psychologique, elle parvienne à livrer des commandes aussi variées dans ce qui se trouve être de très bons films, à tirer tour à tour larmes et éclats de rire, entre la star bombastique et la milf qui ne se prend pas au sérieux. Ils finiront par s'incliner, c'est avec le temps que ces trucs-là se bonifient en plus.

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