shoot me

En direct du cours le plus douloureux du monde. C'est génial de se lever le matin pour se battre avec une prof sur le français alors qu'on est en cours d'anglais. Pas au fait des expressions idiomatiques françaises et supposée prof de version littéraire. Jeune, pas anglaise (faux accent britannique qu'elle a dû choper pendant ses études à Oxford ou que sais-je) donc sûrement française, et je répète, pas du tout au fait des subtilités du vocabulaire français. Cette femme demeure un mystère pour moi. "C'est quoi la collocation en français?" Comment elle s'est retrouvée à aider à la préparation du capes ? Combien de livres a-t-elle lus, et lesquels à part Henry James en VO ?
Peut-être qu'elle essaie de jouer les modestes aussi, je sais pas; instaurer un pied d'égalité entre elle et nous, "nous sommes au même niveau, nous sommes ouverts. ce que je dis est juste, pareil pour vous, et pareil pour le contraire". On est pas sortis. (je fais semblant de regarder mon polycopié pendant que je tape parce qu'on est censés traduire tout seuls un texte entier - donc perdre plus de vingt minutes par cours - avant de corriger laborieusement ensemble, mêlant nos formulations maladroites et autres cul-de-sacs du langage, logiquement au cours suivant).
Il reste plus que dix minutes et même ces dix minutes me font mal. Elle se demande si elle va interroger maintenant, alors qu'il est clair qu'on a tous fini (sauf peut-être moi qui tape encore, peut-être que c'est moi qu'elle attend...)
ça me tue que ce soit une meuf comme elle qui me corrige. On est à peu près sur la même longueur d'ondes - elle voit bien que c'est mon rayon - donc ça va, mais ses lacunes pourraient me coûter beaucoup d'injustices. Plus que cinq minutes. Joy.
Et puis elle est tellement pas fraîche. Froide mais pas fraîche. ça doit être sympa de parler avec elle quand elle est bourrée. Non, ça doit être une torture, comme maintenant. Comme pour tous les gens assis dans cette classe du reste. La dream team. Plus que deux minutes. Basta.