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18 juin 2011

Une séparation - Asghar Farhadi/Blue Valentine - Derek Cianfrance

C'était un vendredi assez spécial, j'ai décidé de m'enfiler deux flicks d'un coup, comme ça, parce que ça faisait longtemps, mais j'ai pas joué à plouf-plouf comme ça m'arrive trop souvent et j'ai concrétisé deux plans mûrement réfléchis depuis un moment : Une séparation, puis Blue Valentine. C'était donc une bonne journée, tu t'en doutes, c'est pas pour dire que si tu aimes l'un, tu aimes forcément l'autre, parce que ces deux films n'ont rien à voir, à part peut-être la vague thématique d'une relation amoureuse qui se décompose mais des millions de kilomètres séparent leurs enjeux respectifs : ceci n'est évidemment pas une étude comparée.

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Première bombe, Une séparation donc, tournée en caméra portée, sans mouvements ou cadrages désireux de faire autre chose que suivre des personnages le plus près possible, et nous exposer leurs problèmes sans qu'il soit possible de trancher en faveur de l'un ou de l'autre définitivement, dans ce drame social qui revêt les allures d'un film policier à mesure qu'on avance dans le conflit juridique entre deux familles. Mais cette évolution s'accomplit sans effets superflus. La puissance du truc tient simplement à sa construction, aux scènes strictement visuelles qui regorgent d'éloquence et aux ellipses du récit qui donnent lieu aux retournements qu'on ne voyait franchement pas venir. Confrontant les questions de l'honneur et des manipulations qu'entraînent les lois qui régissent la société iranienne, Une séparation te prend à la gorge sans avoir recours à l'excès de pathos dont pourrait s'armer une bataille conjugale : haletant et complexe, mais réaliste, et représentatif d'un cinéma centré sur l'émancipation qui ne trouve de reconnaissance qu'à l'extérieur des frontières de son pays.

246482-blue-valentine

Ensuite, je me restaure un peu et me dirige vers Blue Valentine, consciente que je ne vais certainement pas me faire chatouiller les pieds. Je me retrouve effectivement face à une tragédie déprimante brillamment interprétée par Ryan Gosling et Michelle Williams : il incarne avec justesse un homme assez perturbant de romantisme et de naïveté tandis qu'elle arrive à exprimer par son seul regard les inquiétudes d'une femme pourtant amoureuse qui, quelque part, voit venir la déchéance. C'est clair qu'il ne sert à rien d'aborder la question du post-happily ever after si ce n'est pour expliquer que parfois, l'amour meurt (exception : le dernier Shrek qui s'est d'ailleurs magistralement cassé la gueule à cause de cette infraction). Pas de tentatives psychologiques ou scénaristiques qui viendraient appuyer cette autopsie mais une simple alternance entre présent éclairé jusqu'à la décoloration et passé presque rêvé, dont les plans s'alourdissent du grain qui renvoie aux photos rétros. Derek Cianfrance ne nous offre rien d'autre que le talent des jeunes acteurs les plus prometteurs d'Hollywood, la façon dont leur visages lumineux se chargent des années qui passent et de douleur d'une séquence à l'autre; il cherche quand même à nous déranger aussi, dans sa représentation crue(lle) de l'amour et du sexe. On souffre pour ce bouleversant Gosling qui aimerait se mettre en scène comme dans les films romantiques qu'il a un peu trop matés (et nous aussi si la scène du motel nous met mal à l'aise), et perd sa femme dans ce moment de promiscuité ultime. Ouais Blue Valentine tue l'espoir, tue l'amour, tue ton moral. Mais il te laissera un arrière-goût assez agréable, celui d'une jeunesse qui rayonne et de l'accès laissé libre à la légèreté qu'elle lui insuffle. 

Plus concrètement, allez les voir, point; ce sont de toute façon les seuls qui valent le coup en ce moment (sauf si vous vous sentez vraiment attirés par la bande-annonce où des gens italiens se mangent continuellement la bouche sur un fond sonore qui fout l'ambiguïté avec une pub de pâtes). 

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