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28 novembre 2011

Contagion - Steven Soderbergh

Contagion10_thumb

Le terme de "film choral" n'a pas d'équivalent en anglais. On parlera généralement d'"ensemble movie", "ensemble cast", pour désigner des fresques surpeuplées de personnages, mais avant tout d'acteurs. On s'attardera donc sur les indications d'une fiche technique, la distribution, utiles exclusivement en matière de production et de promotion. La longue liste dont se targue Contagion se résume plus ou moins à ça, attendre patiemment l'apparition de chacune des promesses qu'il nous fait (une Gwyneth Paltrow qui convulse, un Matt Damon bouffi, une Marion Cotillard qui persévère dans sa pratique de l'anglais, un Jude Law à la dentition douteuse...) Après si on veut vraiment parler d'un film choral, donc des défis narratifs et esthétiques que se lance Soderbergh, on peut faire court : rien ni personne ne ressort à part l'effet produit par quelques cadrages sympas, des raccords à 180 degrés et le bal de promo archi-glauque et cheesy improvisé dans le salon de Matt Damon sur un fond terrifiant de U2...
De toute façon je vais être honnête, le film choral selon Soderbergh, c'est pas mon truc ; rentrer dans Traffic fut bien plus qu'une épreuve que je ne suis pas parvenue à surmonter jusqu'au bout. La distance (spatiale comme dramatique) qu'il creuse à outrance entre ses personnages finit par donner le sentiment d'une coexistence forcée entre eux dans le film, ce qui fait que tout l'intérêt d'un film choral (passer d'un personnage à l'autre à un rythme effréné comme on passe du coq à l'âne) devient une corvée dans Contagion. Et merde, faut se retaper l'enquête de Marion Cotillard, l'espèce de huis clos laborieux entre Matt Damon et sa fille, faut cultiver le virus ? patient zéro ? cool, faut faire le vaccin maintenant...  Je ne me sens impliquée dans aucune aire dramatique, aucun personnage ne me donne envie de le suivre et de le retrouver dans la prochaine demi-heure, à part Kate Winslet peut-être, mais quand elle me l'a fait comprendre, elle était entrain de crever. Je ne pense pas que l'échec tient au jeu d'acteur, à un manque de caractérisation ou de profondeur - je trouve au contraire que la froideur ambiante est un bon écho au traitement clinique du thème de la pandémie. Ce que je trouve gênant, c'est que Soderbergh, dans ce souci de sprinter sans s'épancher (un film choral d'une heure et demie, c'est un peu une première) finit par s'égarer entre ses ébauches d'intrigues, et ironiquement le temps qu'il s'y retrouve passe trèèès lentement.
L'autre gros problème du film réside dans la contradiction assez chiante entre son approche hyperréaliste de l'histoire et les messages peu subtils qui en émanent. On sent cette volonté de s'en tenir aux faits (un peu comme dans Elephant de Gus Van Sant) sans essayer de faire peser pathos ou valeurs morales sur eux, et en même temps le besoin constant de tout expliquer (besoin propre aux scientifiques ok, mais pas forcément au réalisateur), en insistant sur ces pauvres Chinois qui nous refilent toutes les saloperies du monde et sur ces chouettes Américains qui encore une fois sauvent la planète au prix des sacrifices que la "choralité" n'aura servi qu'à énumérer. Tu sors de là, au mieux, tu penses à te laver les mains plus souvent.

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